Oiseau de nuit
Le titre suivant semble prendre l’exact contre-pied de son prédécesseur. Beaucoup moins girly et chatoyant, de par son style indé sans fioritures, Oiseau de nuit campe le portrait d’une jeune fille empêtrée dans un cadre qui ne saurait pas mieux correspondre à la définition que l’on accorde à l’adolescence, celle de « l’âge ingrat ». Dotée d’un physique peu chatoyant, fille unique évoluant dans un environnement familial recomposé pas forcément engageant, soumise conjointement à l’attraction du plumard comme à celui de l’écran, et, par voie de conséquence, à l’accessibilité facilitée à la pornographie, notre jeune Iggy, plongée en pleine humeur trouble, va devoir de surcroit subir les avances difficilement interprétables d’un homme apparemment bien plus âgé qu’elle.
C’est dans le doute que se forgent les caractères et dans l’adversité que les personnalités se révèlent. Celui, insoupçonnable au départ, de notre geekette à cagoule ira en se confirmant au fil des pages, entre franchise de tempérament et lucidité de jugement, contribuant à apporter quelques lueurs d’espoir au marasme ambiant et à l’avenir qui se profile.
Un modèle éminemment sensible, pour une bd qui ne s’en donne pas les airs au premier abord.
//YZ 2021
Oiseau de nuit
Hanna Gustavsson
Cambourakis 2021
188 p
9782366245714