Moments extraordinaires sous faux applaudissements

Ouvrir un nouveau Gipi constitue toujours une expérience en soit, même si les occasions ne manquent pas ces derniers temps, entre les rééditions de l’ensemble du catalogue et les parutions des nouveautés, désormais sous exclusivité du label Futuropolis.
Une question se présente dés lors : le nouveau-né fera-il partie des bons ou des moins bons Gipi ? A supposer qu’il y a en ait de moins bons, la question divisera la critique. Je me placerai du côté des convaincus, tant ce nouvel opus met en relief de manière subtile le registre de l’implicite dans lequel Gipi excelle. Plus encore qu’à l’accoutumé, le lecteur sera baladé durant une bonne partie du présent album à travers des pistes se déployant en parallèle, sans qu’il semble possible de tisser le moindre lien entre elles. Pas sûr par ailleurs, que même parvenu à la conclusion du récit, un sens univoque soit à escompter de la confrontation entre ces différents axes narratifs. Et pourtant, moments après moments, un peu comme par magie, le maître finira par captiver son auditoire et à le convaincre de le suivre sur la piste ténue des questionnements existentiels auxquels il a lui-même tant de réticence à s’exposer.
Moments extraordinaires sous faux applaudissements invite à l’immersion dans une forme hypersensible de narration en bande dessinée, servie par une alternance de séquences diaphanes à l’aquarelle ou à l’encre, rythmées par la page blanche, du plus élégant des effets.
// YZ 2020

Moments extraordinaires sous faux applaudissements
Gipi
Futuropolis 2020
168 p
9782754830331