Chroniques de jeunesse

Surprise en ce début d’année, avec la sortie d’un Guy Delisle tout beau tout neuf ! Chaque nouvelle parution du cartooniste canadien constitue désormais un événement romanographique (!) en soit. Tout le monde se demande pour l’occasion où ira nous promener cette fois le génial chroniqueur des mœurs plus ou moins exotiques de contrées aussi lointaines qu’improbables. Foin de distraction pour le coup, l’auteur revient dans ce dernier volume sur ses souvenirs de fin d’adolescence, à travers les quelques saisons de job d’été à l’usine de Pâte et Papier de Québec. Si le sujet prête de façon moins évidente au dépaysement que les précédents, les procédés narratifs éprouvés qui font la marque de fabrique de l’auteur rendent de la lecture de ce compte-rendu de trois-huit à priori rébarbative tout à fait fascinante. Un peu à l’image du contraignant S’enfuir (sans céder, heureusement cette fois-ci, aux facilités inappropriées de l’itération iconique).
Une chronique de Guy Delisle est désormais perçue comme label de référence ultime dans le genre de la bd de reportage. Un label identifiable entre tous à ce savant mélange de détachement apparent mêlé de rigoureuse attention envers son sujet, du sens inné de l’observation de ses semblables agrémenté d’une bonne dose de distance ironique. Une combinaison qui fonctionne à plein ici, avec la lancinante question de l’absence du père sur fond de digressions techniques et de frivolités ouvrières.
// YZ 2021

Chroniques de jeunesse
Guy Delisle
Delcourt 2021
142 p
9782413039310